- PÔLES TECHNOLOGIQUES
- PÔLES TECHNOLOGIQUESPÔLES TECHNOLOGIQUESL’ère postindustrielle a induit une extraordinaire course technologique, d’abord à l’occasion de la Seconde Guerre mondiale et de ses séquelles prolongées, puis en raison d’une rivalité croissante des grandes puissances. Si les États-Unis et le Canada ont donné le ton pendant très longtemps, le Japon et la république fédérale d’Allemagne, dégagés des dépenses militaires et protégés par le parapluie atomique américain, se sont empressés de participer très activement à la compétition. La haute technologie déployée initialement dans la Silicon Valley, en Californie, a fait tache d’huile. On ne pouvait plus se contenter d’aménager des zones industrielles ou artisanales ou des parcs d’activités traditionnelles, quoique modernes. Il fallait promouvoir, grâce à une nouvelle conception de zones technologiques, la symbiose concentrée entre grandes firmes performantes, petites et moyennes entreprises (P.M.E.) d’avant-garde, laboratoires de recherche fondamentale et appliquée, universités et autres établissements d’enseignement supérieur, grandes écoles d’ingénieurs notamment. La synergie qui en résulta fut constamment sous-tendue par une rapide évolution du contenu des formations, elle-même tributaire d’une succession accélérée des diverses générations de technologies mises en œuvre pour s’affirmer sur le plan international. Les complexes urbains privilégiés dans ce domaine s’appuient sur un nombre de plus en plus élevé d’ingénieurs, de techniciens et de cadres et donnent lieu au façonnement d’espaces originaux d’action économique imbriquant fortement tertiaire supérieur et tertiaire de commandement du secteur industriel. Le déploiement s’est effectué de façon disparate. En l’absence de définitions et de concepts bien précis, il a donné lieu à une vaste confusion de termes, mais aussi à de multiples types d’initiatives dont on a pu mesurer à l’usage le degré de réussite et l’aptitude à la promotion économique régionale ou interrégionale.C’est en définitive la Conférence internationale réunie à Berlin-Ouest, en février 1985, pour traiter des parcs scientifiques et des centres d’innovation qui a permis de confronter les positions, surtout européennes, en ce qui concerne tant les résultats obtenus que les projets élaborés en nombre croissant et extrêmement diversifiés. Cette rencontre a pu dégager trois types d’orientations caractéristiques des expériences faites et des projets en cours.– Les centres d’innovation sont généralement liés directement à des organismes de recherche ou d’enseignement; ils bénéficient de l’appui des collectivités locales; ils associent les objectifs de création d’entreprises et d’innovation, ainsi que les nurseries ou maternités d’entreprises; ils sont couramment dotés par les pouvoirs publics locaux d’un espace foncier, voire immobilier; ils tentent de mobiliser un ensemble de ressources destinées à accompagner — mais pas à assister — les jeunes entreprises.– Les parcs scientifiques sont des zones qui offrent un accueil foncier et immobilier aux entreprises familiarisées avec les centres de recherche ou d’enseignement supérieur. Il est vrai qu’en France ces parcs comportent souvent des centres de recherche et de formation faisant partie de l’environnement des entreprises, alors que le principe exigerait une sélection des entreprises en fonction de l’orientation des programmes développés par les centres considérés. La cité Descartes, en revanche, dans l’Est parisien, est un pôle privilégié pour l’accueil des établissements d’enseignement et de formation supérieurs, des instituts et centres de recherche, d’organismes scientifiques ou techniques, ainsi que d’entreprises de pointe concernées par les fonctions de cette cité scientifique. L’accessibilité est particulièrement étudiée en fonction de la proximité de l’autoroute A104 qui conduit directement à l’aéroport Charles-de-Gaulle à Roissy et de l’autoroute A86 permettant une liaison rapide avec l’aéroport d’Orly. Le cadre est également soigné: bois, eau, verdure, architecture invitent au séjour et à la visite. Un centre de quartier, à proximité de la station R.E.R., comporte des logements, des hébergements pour étudiants, des boutiques, hôtels et commerces de proximité. L’association avec des parcs de loisirs donne à ces parcs scientifiques des dimensions spécifiques.– Les technopoles relèvent surtout du modèle japonais qui en a fait un instrument efficace de l’aménagement du territoire. Elles tendent à structurer l’espace régional nippon en répartissant les diverses spécialisations scientifiques et industrielles sur le sol national. En France, une démarche analogue concerne les contrats de plan entre l’État et les régions: les pôles technologiques doivent ponctuer l’espace régional français. Mais au Japon et dans d’autres pays encore, en république fédérale d’Allemagne par exemple, les technopoles, considérées comme une nouvelle génération de zones industrielles, sont destinées à dynamiser l’industrie, notamment les P.M.E. dépourvues de moyens adéquats, grâce aux technologies les plus performantes. Elles accueillent simultanément des industries de pointe et des entreprises traditionnelles, mais rentables, en vue de faciliter les effets de diffusion; elles fournissent, outre les services technologiques (études de marché, marketing, financement, exportation), ceux qui sont destinés au développement industriel; elles mobilisent la totalité du milieu économique pour le projet, faisant de l’aventure des chercheurs une aventure industrielle. En France, en revanche, les projets sont davantage finalisés vers la high tech ; ce caractère ambitieux risque d’éliminer du classement mainte initiative qui ne saurait atteindre les objectifs escomptés. Indépendamment de cette réflexion, il convient de distinguer le technopôle qui se réfère à une fonction économique et la technopole qui s’appuie sur une région urbaine disposant d’un maximum d’atouts pour susciter le développement des activités hautement innovatrices et technologiquement performantes, appuyées sur la recherche. Au sein d’une technopole, les technopôles constituent des sites ou secteurs géographiques disposant de structures d’accueil spécifiques qui favorisent des connexions étroites avec la recherche.Le rôle croissant des flux immatériels a conféré à la télématique une fonction décisive dans la promotion des technologies de pointe. La conjonction de l’expérience des technopoles (technopôles) et des télécommunications avancées a conduit à l’émergence de sites à haute concentration télécommunicationnelle, les téléports . L’Association mondiale des téléports en donne la définition suivante: «C’est un service d’accès à un satellite ou à d’autres moyens de communication de longue distance incluant un projet global de développement d’une zone économique et un réseau de distribution desservant plus largement l’agglomération, au-delà du périmètre d’aménagement proprement dit». Le téléport est l’une des réponses aux exigences de la société de communication avec ses trois composantes:– Les interfaces avec les réseaux de longue distance.– Un réseau de distribution destiné à la desserte, par un fibres optiques ou par faisceaux hertziens exploités par l’opérateur du téléport, des usagers qui sont principalement des centres d’affaires.– L’irrigation de la totalité de l’agglomération par ce réseau de distribution, au-delà du périmètre d’aménagement proprement dit. À ce titre, l’équipement téléportuaire participe au développement régional, servant en principe de structure d’accueil aux P.M.E., les grandes firmes étant susceptibles de disposer de leurs propres réseaux à vocation mondiale.Le mouvement de dérégulation générale, en cours à l’échelle internationale, vise à mettre à profit des structures téléportuaires pour se dégager des contraintes tarifaires imposées par les monopoles publics, ce qui explique les multiples tentatives de la part de ces derniers (France Télécom) pour s’assurer la maîtrise des téléports.
Encyclopédie Universelle. 2012.